Comment être bien présent aux expériences de mon existence ?
L’être humain est confronté dans son existence à un certain nombre de difficultés, épreuves, expériences au fil du temps. Certaines d’entre elles peuvent plus ou moins traumatiser la personne à un moment de son histoire et la mettre dans une forme de sidération, c’est-à-dire une difficulté à penser et assimiler l’évènement (perte, séparation, conflit, maladie, deuil…).
Devant l’impossibilité de digérer l’épreuve, le sujet peut se couper, se dissocier de l’expérience souffrante.
Faire une expérience marquante ou même ordinaire demande de déstructurer, reconfigurer et assimiler cette opération. La nouveauté que cela va engendrer a un pouvoir de transformation. A ce moment-là, il est possible de verbaliser ce qui est devenu plus clair pour soi, l’expérience a été traversée, elle est intégrée et devient désormais le passé, une simple mémoire.
En se déroulant dans le temps, ce processus a besoin de ressources et de soutien. Il demande de la sensibilité, de la confiance, de la présence, de l’éveil. Il nécessite aussi un environnement soutenant comme nos proches, compagne ou compagnon, famille, amis et parfois collègues.
Passer de l’absence à la présence nécessite du soutien
Le soutien est nécessaire pour affronter les épreuves de sa vie. S’ils sont insuffisants ou viennent à manquer, l’expérience ne peut être assimilée, elle reste inachevée et en attente. Une séparation ou la mort précoce d’un parent, qui n’a pu se verbaliser, à propos duquel la personne n’a pu être entendue, est un exemple d’expérience inachevée. Elle laisse des souvenirs plus ou moins accessibles, chaotiques, difficiles à dire et installant une tension diffuse et souffrante dans le corps. Ces traces douloureuses, non transformées, ne peuvent devenir des ressources et demeurent souvent à notre insu.
Lorsque les aléas de l’existence nous rapprochent de ces traces non assimilées inscrites en nous, cela crée de l’inconfort, du malaise. Si, par exemple, j’ai été abandonné par ma mère ou mon père dans l’enfance et que je n’ai pas pu, faute de soutien, traverser et transformer cette expérience dans ma perception, elle peut cependant être toujours douloureuse.Les amis que j’ai alors à l’adolescence ou encore à l’âge adulte créent chez moi lorsque je les quitte un malaise diffus en rapport avec la peur de l’abandon dont je ne suis pas forcément conscient.
En esquivant le risque de l’inconfort, j’atténue ma présence
Pour ne pas ressentir le malaise de ces traces du passé, je peux me désensibiliser afin de ne pas ressentir, et cela se substitue à la situation que je suis en train de vivre dans le maintenant. Je serai donc moins présent à celle-ci, je vivrai moins intensément ma vie, je me sentirai plus ou moins absent, consistant, libre.
Le psychiatre et psychothérapeute Gianni Francesseti dit : La souffrance est donc l’absence qui cherche une autre chair pour être mise en lumière et traverser les traces sensorielles de l’expérience non assimilée et non intégrée.Le thérapeute est cette autre chair, c’est-à-dire cette autre sensibilité qui par sa présence, rend l’absence de son patient présentepour lui permettre de lui donner forme, amener à la surface son intention implicite (dissimulée malgré soi)et traverser l’expérience douloureuse qui ne pouvait se clore.
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